MORELAND AND ARBUCKLE: Seven Cities (2014)
Il y a quelques années, les dénommés Moreland (guitare, cigar box) et Arbuckle (harmonica, vocals) se rencontrent à Wichita au Kansas et arpentent ensemble les sentiers du Delta Blues. Le duo s’adjoint ensuite les services d’un batteur pour évoluer vers un blues rock électrique. Nos compères ont ouvert pour des petits débutants tels que ZZ Top ou George Thorogood et Steve Cropper, un illustre inconnu, a joué sur leur précédent album « Just a dream ».
Bon. Assez déliré ! Que donne leur dernier disque en date ?
A la première écoute, je suis tenté de céder à la facilité. Encore un énième groupe américain qui distille un blues rock mid tempo (« Quivera », « Stranger Than Most », « Modern Boy ») avec des titres un poil plus rapides (« Waste Away » ou « Time Ain’t Long » dont je souligne au passage l’originale montée d’accords). Cependant, il faut savoir écouter entre les plages. « Kotow » surprend agréablement avec son groove funky et son refrain mélodique. Je note également « The Devil And Me » et son bon solo de slide ainsi que « Talk Boogie », un boogie/jump blues speedé avec un harmonica bien baveux. La lente ballade « Broken Sunshine » me touche au cœur. Je pense instantanément à « Hot, blue and Righteous » des ZZ Top. L’harmonica se fait très mélodique et la progression harmonique innovante (alternant accords majeurs et mineurs) se révèle du plus bel effet. Et puis, surprise ! Le morceau se termine sur une accélération jouissive, comme du Doctor Feelgood.
Je craque littéralement pour « Red Bricks », un instrumental country blues rapide, avec un harmonica et une guitare slide acoustique en harmonie ainsi qu’une batterie discrète. Retour aux origines perdues.
« Road Blind » évoque le trio de barbus texans période « Rio Grande Mud » (« Bar B Q »). « Bite Your Tongue » commence comme un blues rock au tempo médium puis s’énerve vers le milieu. Je ne sais pas pourquoi mais les Doors me viennent à l’esprit. Et puis, je décerne une mention toute particulière à « Everybody Wants To Rule The World », mélange réussi de Motown et de rhythm n’ blues, comme certains morceaux de Southside Johnny. Génial !
Nos deux musiciens ont bossé dur leur blues et leur rock et ont bien capté l’essence même du blues rock électrique comme un Rory Gallagher en son temps ou nos ZZ Top de la grande époque.
Je l’avoue, j’ai failli passer à côté de ce disque. Ne faites pas comme moi. Ecoutez-le dès maintenant.
Oliver Aubry